Ce que cachent les nouveaux critères d’accréditation Iata_07
A partir de juillet 2016, les agences de voyages françaises vont devoir s’adapter au projet Newgen ISS lancé par IATA, lequel va revoir entièrement les systèmes d’accréditation des agences. Des mesures qui sont loin de profiter aux petites structures, comme l’explique Richard Vainopoulos, président de Tourcom.
A qui profitent les nouveaux critères d’accréditation Iata ?
La refonte des critères d’évaluation des agences de voyages fait encore couler beaucoup d’encre. Et pour cause ? Les nouvelles mesures, notamment financières, qui entreront en vigueur dès juillet 2016 risquent de pénaliser fortement la profession.
Conformément aux nouvelles dispositions du projet baptisé Newgen ISS (New Generation of Iata Settlement System), une agence qui souhaitera émettre des billets d’avion devra, d’une part, justifier de capitaux propres positifs et d’autre part, avoir un ratio entre capitaux propres et dettes à long et moyen terme en deçà de 0,5. A ces mesures s’ajoutent l’obligation pour l’agence de présenter un Ebidta positif sur les trois dernières années et deux fois supérieur aux charges financières. Dans le cas où « une agence ne respecte pas l’un de ces critères, elle devra fournir à Iata une garantie financière pour continuer à émettre. »
Préventifs, ces nouveaux critères viseraient selon l’Iata à « atteindre le risque zéro en matière de défaillance d’agences de voyages ». Des arguments largement remis en cause par les professionnels du tourisme qui rappellent que les défaillances financières des agences sont aujourd’hui proches de zéro. A fortiori, l’objectif « zéro risque » est d’autant plus hypocrite que les compagnies aériennes refusent de créer en contrepartie un fond de garantie.
Pour Tourcom, les nouveaux critères d’accréditation Iata n’ont pour seul but que de favoriser les grandes compagnies aériennes et leurs réseaux intégrés, comme American Express ou Carlson Wagonlit. En effet, en imposant des critères drastiques à l’accréditation, l’Iata pousserait vers la sortie les petites agences indépendantes économiquement faibles. Et comme les réseaux intégrés et les grandes agences possèdent tous des accords privilégiés avec les principales compagnies aériennes, ils n’émettent plus que pour ces majors. Les grands perdants seront évidemment les petites agences qui, faute de pouvoir vendre ou de payer la garantie, devront par la force des choses déposer le bilan.
Outre les situations de monopole que généreront invariablement les nouveaux critères d’accréditation d’Iata, Tourcom alerte sur le danger que représente ces mesures sur la libéralisation de l’espace aérien, entamée il y a quelques dizaines années.